Cela fait 40 ans que Pierre Mollo observe le plancton. Bien qu’à la retraite, l’enseignant-chercheur n’a pas rangé son microscope au fond du placard et invite petits et grands à marcher dans ses pas, pour admirer et comprendre ce monde merveilleux et minuscule.
Ce qui est bien avec Pierre Mollo, c’est qu’il est très difficile de s’ennuyer. Sur France inter début octobre, il expliquait à Allain Bougrain-Dubourg comment une larve d’oursin pouvait nous rappeler la Tour Eiffel. « Le plancton, c’est en fait une multitude d’espèces, du bébé crevette aux organismes minuscules qui composent le plancton permanent. Une simple goutte d’eau contient des merveilles à observer », sourit-il. Pour le scientifique, ce sont des créatures « modestes mais indispensables » à toute vie sur terre.
Et c’est justement pour sensibiliser le grand-public mais aussi les professionnels de la mer que les observatoires citoyens du plancton sont nés. Le premier s’est développé à Port-Louis dans le Morbihan, sa terre natale. « À chaque fois, j’aide les personnes intéressées par le plancton à trouver du matériel d’observation. Je les forme, les accompagne dans leurs démarches. Il faut du temps pour comprendre ce que l’on a sous les yeux », explique Pierre Mollo. Un observatoire a également vu le jour au sein de Chrysalide grâce à l’énergie de quelques entrepreneurs.
À travers le monde
La coopération internationale est aussi au cœur des actions menées par le biologiste marin. Ses observatoires citoyens se sont exportés autour de la planète avec des finalités différentes selon les pays. Au Tchad, il s’agit d’aider des pêcheurs de plancton à développer leurs activités et à commercialiser leurs produits comme la spiruline. Au lac Victoria, Pierre Mollo apporte ses connaissances pour contribuer à relancer la production de tilapia, un poisson phytophage, décimé par la perche du Nil. Pour cela, des nurseries de plancton devront être créées. En Chine, dans la province de Ningxia, la connaissance du plancton servira à mieux protéger les écosystèmes aquatiques et à développer une agriculture durable tournée vers le bio.
Pierre Mollo ne cesse de s’émerveiller de cet infiniment petit et a toujours été animé par un besoin de vulgariser les connaissances. Après avoir tourné quelque 25 courts et moyens métrages sur la mer et les gens qui en vivent, il s’est lancé dans l’écriture de son premier livre. « L’enjeu plancton », coécrit avec Maëlle Thomas-Bourgneuf, est sorti fin 2009 et vient d’être traduit en russe. Preuve que le sujet intéresse. La maison d’Éditions Charles Léopold Mayer, qui est également une Fondation, continue de le soutenir et publiera son second livre. « Il s’agira toujours d’apprendre le phytoplancton et le zooplancton de manière ludique », souligne-t-il.
En attendant, pour s’interroger avec lui sur les grands enjeux écologiques, on peut le retrouver à Quimper, lors des conférences thématiques organisées par la MPT de Kerfeunteun. Et pour ceux qui ne peuvent attendre, un petit tour par Océanopolis leur permettra de découvrir le plancton grâce à un espace permanent, créée avec la collaboration de ce passionnant chercheur et pédagogue.
– À découvrir : le site plancton du monde, animé par Pierre Mollo et l’équipe d’Océanopolis.
– « L’enjeu plancton, l’écologie de l’invisible » aux Éditions Charles Léopold Mayer.
– Plusieurs cycles de conférences sur l’écologie sont organisés à la MPT de Kerfeunteun à Quimper. Le prochain cycle portera sur l’impact de l’activité humaine sur les ressources, les jeudis 10, 17 et 24 novembre, de 19 h à 21 h. Tarif : 35 € pour les trois conférences. Renseignements au 02 98 95 46 25 ou sur le site de la MPT.
– Et aussi : Pierre Mollo et Anne-Gaëlle Jacquin animeront le mercredi 16 novembre un atelier sur les algues et le plancton.
